Lorsque Dick Irvin est arrivé à la barre des Canadiens, il a senti que l’équipe manquait de robustesse pour se hisser parmi les meilleurs de la LNH. Il a trouvé un remède à cette lacune en la personne d’Erwin Graves Chamberlain. Originaire de Shawville au Québec, Chamberlain a joué durant trois saisons sous les ordres d’Irvin, alors qu’il était à Toronto. L’investissement de 7500$ s’est avéré bénéfique pour l’organisation puisque le joueur de centre de 5 pieds 11 pouces, 165 livres, mieux connu sous le nom de «Murph», a rempli parfaitement son rôle de policier avec le club, pour une grande partie de la décennie des années 1940.

Bon-vivant, Chamberlain, robuste attaquant, est capable de jouer dans les deux sens de la patinoire. Il a passé la majorité de ses deux premières saisons à Montréal avant que les Americans de Brooklyn négocient ses services avec les Canadiens, en échange de Red Heron, pour la fin de la saison 1941-1942. À cette époque les équipes conservaient les droits sur leurs joueurs.

La saison suivante, Chamberlain a été prêté aux Bruins de Boston, où il a connu sa meilleure saison, avant d’être rapatrié par les Canadiens pour la campagne 1943-1944. Évoluant aux côtés de Ray Getliffe et de Phil Watson, le trio a tôt fait de se voir attribuer un surnom.

Aussi volubile que valeureuse, la «Gabby Line» apporte une certaine profondeur à l’équipe. Chamberlain est un joueur d’impact, dans tous les sens du terme. Utilisant ses poings et ses hanches à bon escient, «Murph» se retrouve souvent parmi les dix joueurs les plus pénalisés de la LNH. En plus de son implication sur la glace, sa bonne humeur dans la vie et dans le vestiaire est contagieuse. Boute-en-train et rapide sur la gâchette, il est toujours prêt pour un bon moment. La vie d’équipe, dans le vestiaire, les hôtels ou le train, est toujours remplie de surprises lorsque Chamberlain est dans les parages.

À son retour avec les Canadiens, pour la saison 1943-1944, il établit la meilleure production offensive de sa carrière, avec 15 buts et 32 passes, totalisant 47 points. Il fait partie des huit joueurs des Canadiens qui ont franchi la barrière des 40 points, cette année là. La même année, les Canadiens ont accédé aux séries éliminatoires, permettant à Chamberlain de cumuler huit points supplémentaires et surtout de graver son nom sur la coupe Stanley pour la première fois de sa carrière

Il rééditera l’exploit en 1946, alors que son nom est gravé à nouveau sur la précieuse coupe. Après la saison 1948-1949, Chamberlain quitte les Canadiens et devient entraîneur, d’abord en Nouvelle-Écosse, ensuite plus près de la maison, dans la Ligue de hockey sénior du Québec.